Luxe
14/04/2005
La guerre du diamant rose
C'est David et Goliath au pays des pierres précieuses. D'un côté, De Beers, vénérable maison fondée au XIXe siècle, qui règne sur la planète entière en matière de commerces de diamants. De l'autre, Rio Tinto, petite (en comparaison avec le géant sud-africain) entreprise australienne qui détient, en Australie, la mine d'Argyle. Or, cette mine est le plus grand filon de diamants au monde. Mieux, elle est l'unique à produire des diamants roses, d'une vraie eau tintée de fuschia... comme celui que Ben Affleck avait offert à Jennifer Lopez lors de leurs fiançailles. Magnifiques, rares et donc très chers, ils valent souvent plus de 100 000 dollars... par carat ! C'est cette particularité qui a décidé Rio Tinto à s'émanciper et à écouler ses diamants directement, sans passer par De Beers. Cette attaque contre le monopole était risquée. De Beers a immédiatement répliqué en enlevant de la mine d'Argyle tous les équipements miniers qui avaient été créés par ses ingénieurs, espérant bien que son concurrent, écrasé sous le poids de ses propres ambitions, courrait rapidement à la faillite. Mais Rio Tinto, même s'il a dû se recréer des machines et remonter une filière de commercialisation, a tenu bon. La mine d'Argyle produit aujourd'hui 20,6 des 85 millions de carats qui se produisent annuellement dans le monde. Et Rio Tinto, soucieux de se diversifier (car Argyle devrait finir par s'épuiser), a racheté de nouvelles mines, au Canada et au Zimbabwe. Son chiffre d'affaires dépasse les 10 milliards d'euros. De Beers apprend avec peine à compter avec ce concurrent désormais plus que sérieux. La compagnie est encore un diamant peut-être, mais plus un solitaire.
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