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"Sur les étiquettes, seul l'indice de protection IP compte..."  

L'association Sécurité solaire a été créée en 1994. Elle a pour principale mission d'informer et sensibiliser la population sur les risques de l'exposition au soleil. Pierre Cesarini, son directeur, a répondu aux questions du Journal des Femmes.

Quels sont les objectifs et les actions menés par votre association ?
L'association poursuit trois axes d'information et de sensibilisation du public. Tout d'abord, la diffusion d'informations sur l'intensité des UV (NDRL : c'est la fameuse météo solaire que vous pouvez voir ou entendre sur vos chaînes de télévision ou radios préférées...). Notre deuxième axe concerne l'éducation des enfants avec l'édition d'outils pédagogiques, des CD-rom ludo-éducatifs, des brochures...Ces outils sont diffusés en particulier dans les centres de loisirs. Enfin, nous assurons des formations pour les éducateurs de ce type de centres.

Comment est-elle financée ?
Par le secteur public (ministère de la Santé, collectivités locales), une source privée de type associatif comme la Ligue contre le cancer par exemple et enfin des revenus spécifiquement privés provenant de certaines marques.

Il faut protéger sa peau du soleil... Qu'est-ce qui est concrètement mauvais dans l'exposition au soleil ?
Le danger vient des rayons ultraviolet, les UV, qu'il émet. Ils attaquent et détériorent l'ADN de nos cellules. Ces altérations sont le plus souvent réparées par notre organisme... Jusqu'au jour où, pour diverses raisons, celui-ci laisse passer dans ses mailles des cellules comportant des erreurs, ce qui peut être à l'origine de lésions cancéreuses.

Cette capacité de réparation, il s'agit du fameux capital solaire ?
Oui, tout à fait. C'est une notion difficile à quantifier, car elle dépend de très nombreux facteurs, en particulier le type de peau ou le type d'exposition. En effet, le soleil de Paris à 2 heures de l'après-midi actuellement est trois fois plus fort qu'à 10 heures du matin. De la même façon, le soleil de Guadeloupe est quelques 14 fois plus puissant. Notre capital solaire, c'est notre capacité à réparer les dégâts dus à une exposition au soleil... Il n'est pas illimité : à chaque exposition, et en particulier à chaque fois que l'on brûle notre peau, on entame sérieusement cette ressource. Et ceci est particulièrement vrai chez les enfants, c'est pourquoi il faut impérativement les protégés avec des indices forts, du type 60.

Cela signifie-t-il que l'on développe un cancer lorsque notre capital est épuisé ?
Oui, tout à fait.

Ce processus est-il alors irréversible ?
C'est une bonne question... Il y a actuellement de grandes discussions entre les experts à ce sujet. Il semblerait que le processus ne soit pas forcément irréversible... Cela signifierait que si l'on a épuisé son capital et que l'on se comporte très prudemment par la suite, progressivement la peau retrouverait une certaine capacité à réparer les cellules endommagées...

Quels sont les types de cancers dont est responsable le soleil ?
Il y en a deux types. Le carcinome, tout d'abord, est le moins dangereux puisqu'il se développe très lentement, il ne métastase pas toujours. Il est facilement détectable, le patient peut donc être pris en charge rapidement, ce qui est un élément essentiel dans le traitement d'un cancer.
Le deuxième, et aussi le plus grave de tous, c'est le mélanome. C'est le plus dangereux, car les cellules cancéreuses se propagent très rapidement aux autres organes. Pris à un stade précoce, il est guérissable quasiment à 100 %. Il est donc impératif d'aller voir son dermatologue dès que l'on observe un changement au niveau de la peau, une nouvelle tâche, un grain de beauté qui change de forme...

UVA et UVB sont-ils aussi dangereux pour la peau ?
Concrètement, on observe les mêmes effets. Les deux accélèrent le vieillissement de la peau, les deux peuvent brûler, provoquent le cancer, la cataracte. Cette distinction UVA UVB a en fait été apportée par l'industrie cosmétique...

Quelle a été l'évolution du nombre de nouveaux cas de cancers de la peau ces trente derniers années ?
L'augmentation est fulgurante, qu'il s'agisse du nombre de cancers de la peau ou du nombre de cataractes. Sachez par exemple qu'il y a en France chaque année 400 000 opérations de la cataracte... Concernant le nombre de nouveaux cas de cancers, il est en constante et forte augmentation. Actuellement on recense environ 7 200 nouveaux cas de mélanomes par an. Ces chiffres doublent environ tous les 12 à 16 ans...

Concernant le protection, les indices présents sur les étiquettes ne sont pas toujours très clairs. Comment s'y retrouver ?
Une seule indication est à prendre en compte, c'est l'indice de protection, ou IP, qui est aussi appelée FPS (facteur de protection solaire), ou encore sous sa dénomination internationale : SPF ("sun protection factor"). Ces trois indications sont les mêmes et elles sont harmonisées sur le plan international.
Cette mention IP, ou FPS, ou SFP, est obligatoire et tient compte à la fois des UVA et UVB. C'est pourquoi toutes les autres indications spécifiques aux UVA (comme "protection UVA 18") ou les mentions supplémentaires comme "haute protection", ou encore "protection UVA renforcée" ne constituent que des outils marketing et ne sont pas harmonisées d'une marque à l'autre... Elles ne permettent donc pas de se faire une idée de ce qu'il y a dans le produit et embrouillent souvent le consommateur. L'indice de protection IP est donc le seul indicateur à retenir. Quelque soit la marque ou le groupe fabricant, si vous lisez un IP 40 par exemple, vous aurez affaire à un produit similaire en terme de filtre protecteur. C'est LA garantie.

Et cette harmonisation internationale de l'indice IP, comment est-elle possible ?
Les tests réalisés par les fabricants et qui visent à vérifier l'efficacité filtrante d'un produit sont les mêmes d'un pays à l'autre. En fait, ils suivent tout simplement les mêmes protocoles pour ces tests.

Dans cette jungle de produit, quel comportement le consommateur devrait-il adopter pour sa protection ?
Face à tous ces produits et leurs multiples indications, nous conseillons tout simplement d'acheter un produit solaire d'IP 25 au moins. Cela convient dans 95 % des conditions et des types de peaux.

A condition aussi de ne pas avoir des comportements suicidaires sur la plage...
Évidemment... Cet indice de protection 25 convient à condition de l'appliquer correctement et de ne pas prolonger trop longtemps l'exposition. Et, bien sûr si vous allez dans des conditions extrêmes, en montagne ou sous les tropiques, ou si votre peau est extrêmement sensible, là nous conseillons de passer sur un indice de l'ordre de 40 minimum.

Que pensez-vous de la dernière mode du spray ?
Les sprays sont assez intéressants pour une cible habituellement réfractaire à l'usage de crèmes solaires, en particulier les hommes et les sportifs. Certains sprays à base d'alcool sèchent très rapidement après l'application et ne sont pas gras, c'est un atout supplémentaire pour les convaincre. Néanmoins, il faut se méfier un peu du spray, car son contenu est très liquide. Résultat : on a tendance à en mettre moins. Et qui dit moins de crème dit automatiquement moins de protection... Il est donc recommandé d'en appliquer plus souvent qu'une crème classique.

Et les gélules, ces compléments alimentaires pour préparer sa peau ?
Nous sommes un peu réservés quant à leur usage... Le fait est que si l'on a une alimentation équilibrée et riche en fruits et légumes, l'organisme se défendra mieux contre les agressions extérieures, en particulier contre les UV. Si une personne présente une carence en certains nutriments (oligo-éléments, vitamines...), il n'est pas impossible que l'apport contenu dans ces gélules soit bénéfique. Néanmoins, il ne faut pas en abuser, c'est prouvé... Le mieux est donc de favoriser la méthode naturelle, mangez les fruits et légumes de saison... Et des carottes aussi !

Que pensez des autobronzants ?
Les industriels ont fait de gros progrès concernant les autobronzants et leurs modalités d'application sont maintenant multiples et variées... Il faut bien avoir en tête qu'ils n'apportent aucune protection : il ne s'agit pas de bronzage mais d'une coloration superficielle de la peau. L'inconvénient est donc que la couleur disparaît assez vite...

Il existe aussi des autobronzants protecteurs aujourd'hui...
Oui, il s'agit par exemple d'une crème qui va posséder d'un côté des filtres protecteur et parallèlement des autocolorants. Ce n'est pas l'autobronzant même qui est protecteur mais le fait qu'il contient en plus un filtre protecteur.

Il y a actuellement une vive polémique concernant les "cabines à soleil" : les UV artificiels sont-ils plus nocifs que les UV émis par le soleil ?
Oui, tout à fait. Ce type de rayonnement est particulièrement intense, de l'ordre de 10 fois plus puissant que le rayonnement naturel. L'usage de ces cabines est donc particulièrement dangereux. C'est d'ailleurs ce que vient de confirmer le magazine "UFC Que choisir" dans son numéro de juin qui a réalisé une enquête sur les cabines d'UV, et dont les résultats sont absolument scandaleux. Le résultat le plus inquiétant de cette enquête concerne l'accueil des mineurs dans ces centres de bronzage. En effet, 24 des 25 centres testés étaient près à laisser rentrer dans leur cabine des enfants âgés de 14 à 16 ans.

Lire "Solariums, le scandale" sur le site de l'association.
Le site de la Sécurité solaire www.infosoleil.com

 
 

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Propos recueillis par Diane Mottez
 
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