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Pourquoi avoir écrit un livre sur Christian Dior ?
Jean-Luc Dufresne Pour être honnête, je pense que je n'aurais jamais écrit un livre sur Christian Dior si je n'avais pas été un parent. Ma mère, en effet, était une cousine du couturier. J'avais très envie de mettre en valeur les documents qu'il avait laissés sur sa vie et c'est aujourd'hui chose faite ! J'ai aussi fondé un musée à Granville, dédié à Christian Dior, dans la maison où il a grandi.
Pourquoi avoir choisi ce titre : "Christian Dior... Homme du Siècle" ?
Je savais que le livre serait publié pour le centenaire de Christian Dior. Il faut dire qu'étant né en 1905, il a connu le début du XXe siècle et même s'il est mort prématurément, il a tellement marqué son époque que je trouvais que c'était un bon titre. De plus, il ne faut pas oublier qu'il a donné son nom à une maison de luxe qui est aujourd'hui très puissante.
Qu'avait Christian de Dior de différent par rapport aux autres couturiers de l'époque ?
Il avait tout ce qu'avait les autres et
un peu plus encore. Il a été un grand initiateur. C'était un homme inventif tout en étant nostalgique d'une époque. En effet, dans ses collections ont peu voir de nombreuses références aux XVIIIe et XIXe siècles. Il sentait l'air du temps mais luttait aussi contre l'air du temps.
Comment était-il vu à ses débuts ?
Il a stupéfié car il a pris à contre-pied une période marquée par la guerre. Alors qu'elle venait de se terminer, il a osé dire que l'on avait le droit au luxe, à la féminité. Il autorisait d'une certaine manière les gens à se dire que la guerre était finie et qu'ils pouvaient de nouveau rêver.
Que pensez-vous du style John Galliano ?
Sa collection haute couture Automne/Hiver 2005 m'a ravi. Elle est extraordinaire. Il a rendu un merveilleux hommage à Christian Dior en revisitant et en s'inspirant d'anciens modèles du couturier.
Je pense que John Galliano est conscient de l'héritage Dior même si ce n'est pas toujours visible dans ses collections.
Pensez-vous justement que Christian Dior aurait aimé son style ?
On ne peut pas savoir. Toutefois, Christian Dior avait le souci de faire vivre sa maison de couture. Aussi, s'il avait été nécessaire pour que la maison perdure que les équilibres soient différents et donc d'opter pour le style très particulier de Monsieur Galliano, il aurait certainement accepté.
Avez-vous connu Christian Dior ?
J'avais sept ans lorsqu'il est mort donc je ne l'ai pas vraiment connu. Je me souviens de ma dernière visite. Avec ma tante nous étions allés le voir avenue Montaigne. Comme c'était un homme très occupé, on a attendu un peu avant de la voir. Pour me faire patienter, on m'a offert deux albums de bandes-dessinées. Je n'ai donc pas de réel souvenir de l'homme en tant que tel.
Etait-il proche de sa famille ?
Cela dépendait des membres de la famille. En tout cas, il avait un grand culte de l'amitié. Il voyait la plupart de ses amis de jeunesse et notamment Serge Heftler-Louiche avec qui il a pratiquement grandi. Ils avaient trois mois de différence et étaient toujours ensemble durant leur enfance. Ensuite, ils ont créé tous les deux leur propre maison de parfums. Je n'ai jamais entendu quelqu'un dire du mal de Christian Dior. C'était une personne gentille et très courtoise. D'ailleurs, alors que c'était un homme très pressé, il n'hésitait pas à s'effacer pour laisser une couturière
prendre l'ascenceur avant lui.
Quels étaient ses grands traits de caractère ?
Tout d'abord son côté amical comme je vous l'ai déjà précisé. C'était vraiment fondamental pour lui. De plus, il était fidèle. Fidèle en amitié mais aussi en lui-même. Ainsi, dans ses écrits il dit qu'il a fait la mode en fidélité à un idéal de femme qu'il avait. Cet idéal provenait certainement de sa maman. Il avait un côté proustien. Il était un peu à la recherche de la femme perdue.
A part la mode, quelles étaient ses passions ?
Il adorait l'architecture. Ainsi, vers 1925, c'est lui qui conçut le .d'eau et la pergola du jardin de la villa
dans laquelle il passa son enfance. Il est resté très marqué par cette demeure comme en témoignent ces paroles : "la maison de mon enfance... j'en garde le souvenir le plus tendre et le plus émerveillé. Que dis-je ? ma vie, mon style, doivent presque tout à sa situation et à son architecture." Par la suite, il a acquis trois maisons et il s'est occupé de leur décoration. Il aimait aller chez les antiquaires. Lors de ses conférences à la Sorbonne, il disait souvent que la mode est une architecture. D'ailleurs, ses robes étaient de vraies sculptures. Sinon, il avait aussi une grande passion pour la gastronomie.
Est-ce vrai que c'était un homme superstitueux ?
Oui, il l'était. Il faut dire que sa famille, jusqu'à lors très heureuse, connut dans les années trente un bon nombre de malheurs avec notamment le décès de sa maman
en 1931 et la ruine de son père. Tous ces drames l'ont énormément touché et ce d'autant plus qu'il était sensible. Il consultait donc des voyantes pour se rassurer et portait des grigris mais il n'était pas non plus omnubilé par ce qu'elles lui prédisaient.
Quelle création de Christian Dior préférez-vous ?
J'ai une préférence pour la collection
de 1949-1950. Elle est très équilibrée, les tailleurs sont merveilleux. Pour moi, elle est annonciatrice de ce qu'allait être la suite.
Quels sont vos projets ?
Le centenaire de Dior étant terminé, je travaille sur de nouvelles expositions. La prochaine, en 2006, portera sur "Dior Homme du monde" et en 2007, elle sera sur "Christian Dior Homme d'aujourd'hui". Je prévois aussi d'en faire une sur le Dandysme en 2008, mais ça c'est pour plus tard...
En savoir plus
Le site du musée Christian Dior : www.musee-dior-granville.com