Luxe
septembre 2006
Van Cleef et Arpels : un conte de fée centenaire
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Enseigne mythique de la Place Vendôme, Van Cleef et Arpels célèbre ses 100 ans d'expertise joaillière. Chronique d'une maison qui a fait de la créativité et de l'innovation ses maîtres-mots. |
Une affaire de famille
Il y a près de 110 ans, Van Cleef et Arpels voit le jour sous une bonne étoile. Car si Alfred et Charles Arpels déposent officiellement le brevet "Van Cleef et Arpels" en 1906, c'est 10 ans plus tôt, que la prestigieuse enseigne voit le jour.
En 1896, la maison naît sous le signe d'une double passion : d'un amour scellé par le mariage d'Estelle Arpels et Alfred Van Cleef mais aussi d'une fascination commune pour la joaillerie. Estelle est fille d'un négociant en pierres précieuses, Alfred, fils d'un artisan, spécialisé dans la taille de ces mêmes minerais.
Dès son installation au 22, place Vendôme en 1906, la maison ne cesse de croître en notoriété. Les années 1920 et 1930 marquent ses premiers coups d'éclat, le joaillier montant notamment les montres sur des bracelets de cuir à une époque où le gousset est encore de rigueur. Dès lors, soucieux de la pérennité de leur image, les Arpels mettent un point d'honneur à conserver leur assise sur l'entreprise et ceci malgré les épreuves.
Une histoire mouvementée
Malgré son succès, la maison n'échappe pas aux affres de son époque. En 1940, l'entreprise familiale est placée sous administration "chrétienne" tandis qu'une partie de la famille est contrainte à l'exil aux Etats-Unis. La créativité Van Cleef et Arpels se décline désormais aussi sur le continent américain. Paradoxalement, la guerre entame peu la créativité de la maison. En 1939, Van Cleef et Arpels donne naissance à l'une de ses plus fameuses créations, le "collier zip" ; en 1940, les premiers bijoux représentant des ballerines et des fées - des thématiques désormais emblématiques de la maison - apparaissent.
Dès la fin du conflit, la maison, tenue de main de maître par la deuxième génération Arpels, prend une nouvelle orientation : le joaillier acquiert des pierres d'exception - comme le diamant "Coeur bleu" de 30,82 carats ou le saphir "Blue Princess" - et choisit ses ambassadrices sur le volet, pour gagner en visibilité. Zizi Jeanmaire, Grace Kelly et Julia Roberts arborent chacune en leur temps, les créations Van Cleef.
Dernière étape marquante de cette histoire mouvementée : la maison perd son indépendance en 1999, intégrant le Groupe de luxe Richemont. Discrète sur ses résultats financiers, elle est aujourd'hui dirigée par Stanislas de Quercize et n'a pas perdu une once de son bri..
Chronique d'un succès annoncé
Malgré une histoire bien mouvementée, Van Cleef et Arpels semble avoir tenu sans chanceler, ses deux mots d'ordre : créativité et innovation.
Créativité d'abord, car dès les années 1920-1930, la maison sait imposer sa patte, ses codes. La nature, les contes de fées, les Arts Déco, la couture : ces inspirations bercent les collections Van Cleef et Arpels depuis maintenant un siècle. En attestent des créations entrées dans les annales de la joaillerie à l'image de la bague "boule" en rubis de 1935, du clip fée "Spirit of Beauty" de 1955 ou de toute la collection "Alhambra", pensée dans les années 1970.
Innovation ensuite, car le joaillier peut se prévaloir d'un palmarès de brevets très éloquent. La fierté de la maison est sans conteste le "Serti Mystérieux". Mis au point en 1933, il permet de créer un pavage de pierres sans en laisser deviner l'assemblage. Autres grandes innovations signées Van Cleef et Arpels : la "Minaudière", sorte de vanity case de poche et de luxe, mais aussi les bijoux "métamorphose" qui, à l'image du "collier zip" ou de la montre "cadenas", sont les premières parures customisables de leur époque.
Prestige et ouverture
Mais la réussite de Van Cleef et Arpels tient aussi à une stratégie entrepreuneuriale peu commune dans le milieu de la haute joaillerie.
Dès ses premières années, la maison s'adapte à la demande d'une clientèle aussi prestigieuse qu'exigeante. Maharadjahs, familles princières européennes, stars de cinéma : Van Cleef et Arpels pare tout le gotha, s'im.ant par la même occasion dans les lieux de villégiature les plus prisés. A partir de 1909, le joaillier ouvre ainsi 9 succursales en France, avant de s'im.er à New York en 1942. Aujourd'hui, du Koweit aux Etats-Unis en passant par le Kazakhstan, la maison est présente sur tous les continents et s'est même faite pionnière, lorsqu'elle s'im.e au Japon dès 1974 ou à Shanghaï, 20 ans plus tard.
Si elle s'adapte à ses acheteurs les plus aisés, Van Cleef et Arpels est aussi l'une des premières enseignes de haute joaillerie à penser, dès 1954, des lignes moins onéreuses mais toujours éloquentes. Dans ce même souci "d'ouverture", la maison sera le premier joaillier à.er un parfum en 1976. Quarante ans plus tard, l'enseigne a ainsi su asseoir sa notoriété auprès d'un nouveau public sans compromettre son prestige, un signe de bonne augure pour le centenaire à venir.
Voir aussi : les créations Van Cleef et Arpels
En savoir plus
Van Cleef et Arpels : Reflets d'éternité
de Marc Petit et Guy Lucas de Peslouan
Editions Cercles d'Art
192 pages, 100 euros
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