Dior : une décennie très "Galliano"
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Histoire
09/02/2007

Dior : une décennie très "Galliano"

Directeur artistique de Dior, John Galliano fête cette année ses noces d'étain avec la célèbre maison. Retour sur le parcours de ce créateur rebelle, qui a su révolutionner la griffe de Monsieur.
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Une maison en quête de renouveau

En 1957, Christian Dior s'éteint d'une crise cardiaque après seulement 10 ans passés aux rênes de sa maison. A cette époque, un créateur de 19 ans tout droit venu d'Oran lui succède. Il s'agit d'Yves Saint Laurent, qui dirigera la maison de main de maître durant 3 ans et ce malgré son jeune âge. Suite à son départ, la griffe est tour à tour confiée à Marc Bohan puis Gian Franco Ferré. Si les deux hommes savent, pendant plus de 20 ans, conserver l'esprit et la ligne excessivement féminins propres à la maison, ils en perdent le caractère révolutionnaire né avec le "New Look". A la fin des années 1990, la maison Dior est en quête d'un souffle nouveau. Bernard Arnault, président de LVMH et actionnaire principal de Dior, voit en John Galliano cet espoir de renouveau.

 

Galliano l'excentrique

Juan Carlos Galliano naît en 1960, à Gibraltar, d'un père anglais et d'une mère espagnole. De son père, il dira plus tard avoir hérité de la rigueur et du sens du devoir, de sa mère - qui aimait le pomponner à outrance - il prend le goût de la mode et de l'excès.

John Galliano et Bernard Arnault
John Galliano et Bernard Arnault

A l'âge de 7 ans, la petite famille Galliano débarque à Londres. C'est également dans la capitale britannique que le jeune homme fait, quelques années plus tard, ses premiers pas dans la mode. Elève à la prestigieuse Saint Martin's School of Art, il finance ses études en repassant des costumes de théâtre. Il garde de cette expérience un goût prononcé pour les vêtements historiques, dont il s'inspire pour sa collection de fin d'études. "Les Incroyables", ligne empruntée à la Révolution Française, propulse Galliano sur l'avant de la scène couture anglaise : il est diplômé avec les honneurs et ses créations sont distribuées chez Brown's, l'un des plus grands magasins de mode de l'époque.

 

Le jeune créateur, qui dit aujourd'hui encore admirer Madeleine Vionnet et Azzedine Alaïa, se.e alors en solo créant d'abord à Londres puis à Paris, dès 1993. En 1995, Bernard Arnault le repère et lui propose de diriger les lignes de Givenchy. Quelques mois plus tard, il prendra les rênes de Dior, gérant d'abord uniquement le prêt-à-porter avant de se voir confier en 2003, la sacro-sainte responsabilité des toutes les lignes féminines de la maison, de la haute couture aux cosmétiques. L'entrée de Galliano chez Dior ne manque évidemment pas d'être magistrale. Sa première création : une robe bleue nuit, créée aux mesures de la princesse Diana, pour les festivités du cinquantenaire de la maison.

 

EN SAVOIR PLUS

Dès lors, le créateur ne cessera d'étonner. Il s'approprie discrètement les codes de la maison lors de ses premières collections avant de prendre un tournant radical dès les années 2000. Le déclic : sa collection "Clochards" couture de l'an 2000, inspirée des sans-abris qu'il a l'habitude de croiser sur les quais de Seine. Si la ligne défraie la chronique, c'est non seulement parce qu'elle est en rupture avec la mode pensée par Monsieur Dior, mais aussi parce qu'elle marque l'avènement des défilés-spectacles si chers à Galliano. De l'Impératrice Joséphine aux femmes Massaï en passant plus récemment par la haute couture inspirée de "Madame Butterfly" : John Galliano entre dans la peau de ses personnages, met en scène de véritables shows et parade grimé et costumé à chaque final. Le créateur surprend, tient en haleine et éblouit tant par son audace que son excentricité.

Galliano, l'entrepreneur

haute couture
Une des créations haute couture de l'été 2007 / voir les créations

Mais plus qu'un créateur excentrique, Galliano s'est révélé être un fin stratège. Son point fort : savoir cantonner son extravagance aux podiums pour s'impliquer directement dans le développement des lignes - plus sages - destinées aux boutiques. Car les collections tant acclamées sur les podiums ne représentent aujourd'hui que 15 % des ventes de Dior tandis que les déclinaisons - à commencer par les accessoires, véritable mine d'or - constituent 85 % du chiffre d'affaire. L'implication de Galliano dans la création est payante : en 10 ans, la griffe a multiplié son chiffre d'affaires par 4. Un résultat d'autant plus éloquent que John Galliano prend part chaque année à l'élaboration de quelque 6 lignes - prêt-à-porter, haute couture, croisière et pré-collection - réalisant au total plus de 1 000 pièces.



Si Galliano tient de main de maître la création de la maison, il est également un rouage précieux de son image. En effet, dès 1999, John Galliano s'atelle à redonner un nouveau visage à Dior : la griffe ne sera désormais plus l'enseigne d'une élégante classique mais bien d'une femme fatale, sexy et moderne. Pour ce faire, John Galliano prend en main la communication de l'entreprise : la promotion est centrée sur quelques produits phares de la saison, les campagnes publicitaires, réalisées avec le photographe Nick Night, se font sensuelles, voire provocatrices. La maison se met en branle : la femme Dior devient "hard-core glamour", comme le confiait Galliano dans un entretien au magazine l'Express… Ce positionnement est une révolution pour certains, un outrage pour d'autres : en tout cas, il ne laisse pas indifférent et c'est cela qui compte.

 

 

Sac Gaucho
L'un des modèles cultes de John Galliano : le sac Gaucho / voir les créations

Pour Dior, ce virage à 180° rime avec l'avènement d'une nouvelle clientèle : les stars, à l'image de Nicole Kidman, Madonna, Gwyneth Paltrow ou Gwen Stefani, affichent les produits de la maison dans toute la presse, les anonymes, plus jeunes et plus clinquantes, deviennent des adeptes du total-look, des "addicts". C'est d'ailleurs à leur demande que Galliano crée en 2001, une ligne pérenne de modèles en jean, daim et cuir lacés, appelée "Admit it", - "Admettez-le" - sous-entendu, confessez votre dépendance ! Un grain d'humour qui n'est pas dépourvu d'un certain brio entrepreuneurial : en maître de maison, Galliano contrôle toutes les lignes et répond à toutes les demandes, donne le ton et crée l'addiction… Un tour de force !

 

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Véronique Deiller, Journal des Femmes

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