Histoire
16/03/2007
Pucci : l'avant-garde italienne a 60 ans
Emilio Pucci : après-guerre, jet-set et avant-garde Emilio Pucci naît à Naples dans une illustre famille aristocratique, en 1914. Trentenaire dans les années d'après-guerre, il fait partie d'une génération en quête de divertissements, de couleurs et de liberté : le "Marquis Emilio Pucci di Barsento" consacre la plupart de son temps aux sorties mondaines, aux femmes et au sport.
Membre de l'équipe olympique italienne de ski en 1934, il obtient en 1935 une bourse d'études dans une université américaine. L'occasion pour le jeune épicurien de se livrer à une autre passion : le dessin et la confection des tenues de son équipe.
Le succès éclate de manière inattendue en 1947, quand Toni Frissel, photographe au magazine Harper's Bazaar, publie une photo de Pucci skiant dans une combinaison qu'il a lui-même dessinée. La modernité de cette tenue, très près du corps, révèle l'originalité de Pucci. Il est alors invité par le magazine à créer des vêtements pour le numéro d'hiver 1948. Le coup d'envoi est donné ; Emilio Pucci installe sa maison dans le palais familial, en plein coeur de Florence, et ouvre la première boutique à Capri. En 1950, Pucci crée et présente en France sa première collection.
Le "Prince des imprimés" La marque s'impose dès les années 1950 : ses couleurs flashy, ses robes en soie et surtout ses imprimés kaléidoscopiques contrastent avec les silhouettes rigides de l'époque. Le créateur se fait artiste et signe chacune de ses pièces, aux motifs pop ou psychédéliques, d'un "Emilio" stylisé. Fer de.e de l'avant-garde italienne, il propose son style visionnaire en dessinant des vêtements casual et originaux. Un exemple : le "pantalon Capri"... ancêtre du pantacourt ! Peu à peu, Emilio Pucci installe la mode italienne et son chic très "jet-set" au rang des plus grandes maisons de couture du monde.
Dès lors, l'effet Pucci prend de l'ampleur. La marque est devenue un emblème d'innovation, de création et les signes de reconnaissance sont nombreux. Pucci obtient le prix "Neiman Marcus" en 1954, puis en 1967. Le magazine Vogue lui rend hommage dans les années 1960 en citant : Pucci "a largement créé l'allure de la femme, [...] on pourrait presque dire qu'il a créé la femme du moment". Cette femme du moment revêt d'ailleurs des visages célèbres : Marylin Monroe, Jackie Kennedy O'nassis, Grace Kelly... nombreuses sont les icônes à assumer la modernité de Pucci.
Parallèlement à ce succès, la gamme s'élargit : les sous-vêtements en soie et les pantalons en stretch pour femmes enceintes - révolutionnaires à l'époque - complètent les activités de Pucci. Plus qu'une marque de mode, Pucci devient un style à part entière, s'étendant à des domaines très larges : les imprimés ornent les uniformes de la compagnie aérienne Braniff International ou investissent l'intérieur des limousines Ford Lincoln Continental". En 1971, la mission Apollo 15 va jusqu'à envoyer dans l'espace un drapeau griffé par la maison.
Les années 1980-1990 : une maison en mal d'innovation
Le succès s'essoufle pourtant à la fin des années 1970 : le "style Pucci", couleurs vives et motifs rétro, s'adapte mal aux coupes graphiques en vogue dans les années 1980. Une "traversée du désert" qui s'accroît lorsque les années 1990 mettent à l'honneur les lignes sobres et les couleurs unies.
L'activité est en baisse, Emilio Pucci vieillit. Le glas de la maison semble avoir sonné avec celui des années yé-yé et de la vague hippie. Malgré un hommage rendu à son oeuvre lors des CFDA Fashion Awards de 1990, qui lui attribuent un prix spécial "Révolution du style et génie de la couleur", Pucci est en mal de popularité.
Une renaissance glamour et colorée Après la mort d'Emilio Pucci en 1992, sa fille Laudomia reprend les rênes de la maison. Elle devient Directrice Image lors du rachat de Pucci par le groupe LVMH en 2000. Christian Lacroix est nommé directeur artistique. La renaissance de Pucci est en bonne voie : désormais, la marque misera sur une double stratégie, entre le retour à l'identité des débuts et la recherche de nouvelles sources d'inspiration. La griffe Pucci investit ainsi les autres marques du groupe : des coffrets Veuve Cliquot aux prestigieux stylos Omas, jusqu'au.ement d'une ligne Guerlain by Emilio Pucci prévue pour l'été 2007, les accessoires se parent d'un look Pucci dans un esprit luxe et ludique à la fois. Clin d'oeil aux débuts de la marque : pour l'hiver 2006-2007, Pucci collabore avec Rossignol à la création de vêtements de ski pratiques et féminins. Aujourd'hui, les résultats suivent : la taille de la société s'est multipliée par 4 entre 2000 et 2004, 29 boutiques Pucci sont aujourd'hui ouvertes dans le monde.
Le départ de Christian Lacroix fin 2005 est l'occasion d'un dernier tournant chez Pucci : un jeune créateur anglais, Matthew Williamson, est désigné pour le remplacer. Déjà célèbre comme créateur indépendant, Williamson apprivoise l'esprit de Pucci afin de lui donner un second souffle : son style jet-set et son inspiration décalée en font l'héritier par excellence d'Emilio Pucci.
En témoignent les collections Automne-Hiver 2007-2008 : colorées, pop, rétro... tout en s'inscrivant résolument dans la tendance à coups de robes mini, de compensées transparentes, de tonalités métalliques et d'imprimés noir et .. Les fameux imprimés sont aujourd'hui portés en pièces de collection par les célébrités, de Jennifer Lopez à Kylie Minogue : la chanteuse, dont certaines tenues de concert sont signées Pucci, a même confessé récemment avoir utilisé les foulards imprimés lors de sa chimiothérapie, gardant ainsi le sourire et le look. Autant de symboles forts associés à la marque, et sur lesquels Pucci mise plutôt que sur une communication ostentatoire : c'est de cet esprit qu'est faite la série limitée "Collectibles", réédition des modèles phares des années 1960. Vintage toujours.
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Rédaction, Journal des Femmes
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