Saga
06/04/2007
Cartier : le joaillier virtuose a 160 ans
1847-1904 : "Joaillier des rois, roi des joailliers" Louis-François Cartier s'installe en 1847au 29 rue de Montorgueil, à Paris. Reprenant l'atelier de bijouterie de son maître d'apprentissage, il mène son activité de joaillier dans le Paris fastueux de Napoléon III. Remarqué par la princesse Mathilde, cousine de l'empereur, il bénéficiera de la protection de la famille impériale. L'Impératrice Eugénie elle-même lui passe régulièrement des commandes. Trente ans plus tard, Louis-Francois Cartier confie la direction de la maison à son fils Alfred. Ce dernier, s'associant à son fils Louis en 1898, fait prospérer la maison jusqu'à s'installer dans la prestigieuse rue de la Paix, en 1899.
Forte de son succès parisien, la maison Cartier voit grand : au tout début du siècle, Alfred décide de développer l'activité internationale en confiant à chacun de ses fils la responsabilité d'un pôle. Louis s'occupe de la maison parisienne, Pierre est envoyé à New York et Jacques s'installe à Londres. Très vite, la boutique anglaise attire l'attention de la famille royale : le prince de Galles commande au joaillier 27 diadèmes pour son couronnement, en 1902. Deux ans plus tard, Jacques Cartier est nommé joaillier attitré de la cour ; les cours d'Espagne, de Portugal, de Russie, de Belgique et bien d'autres encore suivront. Le titre de "joaillier des rois, roi des joailliers" paraît alors tout trouvé... Une maison novatrice et dans son temps Si le savoir-faire de Cartier séduit les cours royales, l'audace et la qualité de ses créations lui vaudront de marquer l'histoire du luxe. Entre la Russie et l'Inde, Pierre et Jacques parcourent le monde pour trouver de nouvelles sources d'inspiration et rapporter les plus belles pierres. Les résultats suivent : de l'utilisation du platine en bijouterie à l'invention de la première montre bracelet en 1904, dite "Santos" - en référence à l'aviateur Santos-Dumont - , la maison multiplie les innovations horlogères et joaillières.
Le créateur s'inspire des courants artistiques de son époque, de l'Art déco à l'expressionisme, pour donner naissance à des collections aux formes nouvelles. Une des plus grandes innovations horlogères naît ainsi en 1912, avec la création des "pendules mystérieuses", dont les aiguilles semblent flotter dans le vide. Cinq ans plus tard, une nouvelle pièce horlogère est.ée : la montre Tank, qui deviendra le modèle emblématique de la marque. En plein contexte d'émancipation féminine, une femme prend les rênes de la maison. Figure emblématique de la mode parisienne, Jeanne Toussaint, qui collaborait avec Louis Cartier depuis plusieurs années, est nommée Directrice de la Haute-Joaillerie en 1933. Sous l'occupation, elle fera participer la maison à sa manière à la Résistance en imaginant des pièces représentant un oiseau en cage. Elle.era également la célèbre broche "L'Oiseau libéré", en 1944.
Des années 1950 à 1997 : la consécration La seconde partie du siècle marque un tournant majeur dans l'histoire de Cartier : à la fin des années 1960, la maison passe pour la première fois aux mains d'un industriel, Robert Hocq. Ce dernier dirige la maison de main de maître, lui donnant une impulsion plus commerciale grâce au.ement de nombreuses gammes parallèles : flacons de parfums et briquets connaissent ainsi un succès fou dans les milieux mondains. Dès 1973, les accessoires de maroquinerie "Must de Cartier" font du rouge Cartier un nouveau noir. Les stylos et les parfums ne tardent pas à suivre. A la mort de Robert Hocq en 1979, l'investisseur Joseph Kanoui regroupe sous la même bannière les filiales parisienne, londonienne et new-yorkaise, et devient président de la société Cartier Monde. Sa femme, Micheline Kanoui, est nommée directrice de la Haute-Joaillerie en 1982.
Devenue une référence de l'élégance française, la maison s'investit dans le mécénat culturel en 1984, lorsqu'Alain-Dominique Perrin, Président de Cartier International depuis 1981,.e la Fondation Cartier en 1984. Imaginée pour favoriser la création contemporaine et assurer la diffusion des arts vers le public, cette institution deviendra une référence dans les arts contemporains tels que la peinture, la vidéo, le design, la photographie ou la mode. Les 150 ans de la marque, en 1997, sont l'occasion d'une célébration peu commune. Tandis que d'exceptionnelles créations de haute-joaillerie et haute-horlogerie sont éditées en série limitée, à New York et Londres, les musées lui rendent hommage à travers une rétrospective imposante.
1997-2007 : un succès bien installé Un nouvel é.est donné lorsque la maison est rachetée par le groupe suisse Richemont, géant mondial du luxe en 1999. Associé à d'autres marques prestigieuses telles que Baume & Mercier, Piaget ou Vacheron & Constantin, Cartier fait désormais partie d'un des plus grands groupes spécialisés dans le luxe au monde. Un dynamisme qui n'a pas empêché la marque de garder à l'esprit la tradition d'excellence dont elle a hérité. L'installation en Suisse d'une manufacture de haute horlogerie en 2001, suivie d'une réédition de la mythique Tank en 2002 sont autant d'efforts qui confortent le savoir-faire horloger de Cartier. De même, les récentes collections de joaillerie, telles que la ligne Panthère en 2003, ne dérogent pas aux codes historiques de la maison. En parallèle, la marque a développé ses activités annexes, telles que la maroquinerie et la parfumerie : l'Eau de Cartier est.ée en 2001, Le Baiser du Dragon en 2003. 160 ans après l'ouverture de la première boutique parisienne, Cartier est devenu le premier producteur mondial de joaillerie, le deuxième en horlogerie et en maroquinerie. Ses collections ont néanmoins su conserver l'esprit audacieux et familial des débuts.... Un autre trait de virtuosité.
Voir aussi Les créations Et toujours Tous nos articles "Saga" Et aussi Le site de Cartier
Clémence Holleville, Journal des Femmes
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