Saga
25/06/2007
Gianfranco Ferré : addio l'Architetto...
Ses collaborateurs le surnommaient "l'Architetto". Gianfranco Ferré, couturier irascible à la physionomie bonhomme, avant-gardiste et perfectionniste, s'est éteint le 17 juin dernier à l'Hospital San Rafaele de M. des suites d'une hémorragie cérébrale. En près de 30 ans de carrière, Ferré laisse derrière lui un empire, mené de main de maître depuis 1978. Retour sur un parcours d'exception. 1944-1978 : les débuts d'un grand homme de couture
Gianfranco Ferré naît le 15 août 1944 à Legnano dans la province de M. Ses premières amours, Ferré les voue à l'architecture. Etudiant à l'école polytechnique de M. il fait de la mode un passe-temps, crée des bijoux et des accessoires pour son entourage. Diplômé en 1969, le jeune Ferré ne se consacre finalement jamais à l'architecture. Repéré par Elio Fiorucci, Walter Albini et Christiane Bailly, références de la mode des années 1970, il se spécialise dans la création d'accessoires. Fort de ce succès, Gianfranco Ferré intègre la maison Loren's en tant que styliste, où il peaufine son art de la maille. Mais la première véritable consécration vient en 1974. L'entrepreneur bolognais Franco Matioli confie à Ferré les rênes de la création d'une nouvelle ligne : "Baila". C'est pour le jeune créateur, le début d'une longue relation professionnelle et amicale 1978-1997 : la consécration En 1978, Gianfranco Ferré prend du gallon et.e sa maison de couture ainsi que sa première ligne de prêt-à-porter féminin. C'est pour le jeune créateur l'occasion d'imposer ce style unique qui lui vaudra un Dé d'Or de la couture en 1989.
Son parti pris : habiller la femme comme il habillerait un espace. De savants volumes, une prédilection pour les matières précieuses à l'image du gazar, du shantung ou de la .lle, des robes du soir monumentales : Gianfranco Ferré impose sa patte dès la fin des années 1970 et se voit adouber "le Frank Lloyd Wright de la mode" par le prestigieux magazine américain Women's Wear Daily. Tout au long de sa carrière, Ferré a la même démarche : penser la mode comme un carrefour des arts. Les grands maîtres de la peinture classique, les artistes baroques ou romantiques l'inspirent ; le savoir-faire de l'Inde, du Japon ou de la Chine en matière de drapés et de costumes le fascine. Intellectualisée, raffinée, la mode de Gianfranco Ferré plaît. Il compte ainsi parmi ses inconditionnelles Elizabeth Taylor, Sophia Loren, la Princesse Diana, Bernadette Chirac puis Sharon Stone...
Au succès de sa ligne féminine s'ajoute, en 1982, son prêt-à-porter masculin. Pour Gianfranco Ferré, les années 1980 marque le début d'une immense entreprise de diversification. En 1984 naît ainsi le premier parfum féminin suivi, deux ans plus tard du premier jus masculin ; en 1986, le créateur.e sa première collection haute couture ; en 1987, les lignes "Studio 000.1 by Ferré" naissent en partenariat avec le spécialiste italien du vêtement Marzotto et précèdent le.ement de "Gianfranco Ferré Fourrures". Deux ans plus tard, c'est au tour des rondes d'avoir leur ligne Ferré avec "Forma 0 by GFF".
En près d'une décennie, "l'Architetto" se retrouve ainsi aux rênes d'un empire de mode tentaculaires, mais ce n'est là qu'un début. En mai 1989, Ferré succède à Marc Bohan et devient directeur artistique de Dior. A l'époque, sa nomination fait scandale : un Italien à la tête de la plus grande maison de couture française, cela ne peut être qu'une hérésie. Pourtant Ferré se plonge dans les archives de la maison et adapte son style à la grandiloquence féminine de la maison. Pendant 8 ans, le créateur donne naissance à des collections rentrées elles aussi dans les annales de Dior célébrant tour à tour les dandys, la Renaissance ou encore les reines des neiges. En 1996, Bernard Arnault lui préfère John Galliano. Gianfranco Ferré s'en retourne à ses griffes, fort d'un b.positif chez Dior qu'il décrit au magazine W comme "une expérience que je n'oublierai jamais. Je crois que j'ai transformé Dior en quelque chose d'authentique et de vivant sans en trahir l'esprit et les clientes". 1997-2007 : la consolidation d'un empire Les années 1990 sont pour Gianfranco Ferré l'occasion de poursuivre sa stratégie de développement. "Gianfranco Ferré Jeans", "Gianfranco Ferré Forma", les lignes pour enfants et adolescents, les parfums "Gianfranco Ferré 20" et "Ferré Pontaccio 21" : la créativité de "l'Architetto" semble intarissable.
En 2000, l'ascension du créateur est ternie par la lutte de pouvoir qui l'oppose à son ami et associé de toujours : Franco Matioli. L'empire de Gianfranco Ferré est alors convoité par le Groupe Tonino Perna, filiale de l'industriel italien IT Holding. Le groupe investit plus de 130 millions d'euros, compromettant définitivement l'amitié entre les deux hommes. Ce rachat marque un tournant stratégique : en charge de la création, Ferré multiplie les licences avec notamment la création de nouvelles lignes d'habillement pour enfants, de montres, de décoration, de lunettes de soleil... Une visibilité accrue des produits certes mais aussi des écrins. Après l'ouverture de son spa ultra-luxueux de M. le groupe revoit son réseau de distribution en 2006. Un flagship à Florence, des nouvelles boutiques à New York, Beverly Hills, Cannes ou Londres, un écrin rue du Faubourg Saint Honoré et un corner au Galeries Lafayette à Paris : l'heure est tant à l'expansion qu'à la communication. Entrepreneur aguerri, créateur de génie, Gianfranco Ferré laisse derrière lui un empire du luxe mais aussi un véritable savoir-faire, une patte qui fait référence. Ses pairs rendent aujourd'hui hommage au maître, décrit par Roberto Cavalli comme "un vrai artiste, un pur, une personnalité très belle qui manquera au monde entier de la mode"
Voir aussi les créations En savoir plus le site de la maison Ferre : www.gianfrancoferre.com
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