Saga
06/06/2007
Christian Lacroix, 20 ans d'émerveillement
"La couture, c'est une création libre, rêvée, 'impressionniste' pour une femme en mouvement, une femme qui incarne le thème de la saison ou du moment, prise dans une ébauche d'histoire." C'est ainsi que Christian Lacroix définit son travail. 20 ans après ses débuts dans la mode, saison après saison, l'inspiration est toujours présente chez ce créateur mû par une grande capacité d'émerveillement. Une vie dédiée à la création
Né à Arles le 16 mai 1951, Christian Lacroix passe son enfance entre les plages de Camargue et les pinèdes des Alpilles, les ruines gallo-romaines et celles des bombardements de 1944. Son adolescence voit naître une passion pour l'Angleterre d'Oscar Wilde et des Beatles, Barcelone et Venise. Il étudie alors l'histoire de l'Art à la faculté des Lettres de Montpellier puis à Paris en 1973 à la Sorbonne et à l'Ecole du Louvre, se destinant alors à être conservateur de Musée. Mais quelques rencontres déterminantes lui font prendre un autre chemin : Françoise, qui va devenir sa femme, lui fait découvrir Paris et l'encourage à dessiner. Jean-Jacques Picart, attaché de presse et conseiller pour divers créateurs et maisons de luxe, le fait entrer chez Hermès en 1978, puis chez Guy Paulin en 1980. En 1981, il intègre la Maison Jean Patou, où il relève le défi de la Haute Couture, que l'on disait moribonde. Il parvient à lui redonner, saison après saison, les couleurs, l'extravagance et la luxuriance qui seront celles des années 1980. Ce travail est consacré en 1986 par un premier Dé d'Or de la haute couture remis par des professionnels de la mode, puis par le prix du créateur étranger le plus influent, décerné par le CFDA à New York en janvier 1987. En 1987, Christian Lacroix rencontre Bernard Arnault et fonde la maison de couture qui portera son nom dans l'hôtel particulier du 73 rue du Faubourg Saint Honoré. La première collection, en juillet 1987, oppose une grande excentricité au minimalisme alors en vigueur. La seconde collection, en janvier 1988, obtiendra un Dé d'Or. En Octobre 2002, à l'occasion de la présentation des collections printemps-été 2003 et des 15 ans de la maison de Couture, Christian Lacroix reçoit l'insigne de Chevalier de la Légion d'Honneur. Des inspirations aux accents de sud, entre passé et présent, ivresse et pureté
Bigarrées, colorées, froufroutantes, bouillonnantes... 20 ans après, les collections haute couture de Christian Lacroix sont toujours aussi spectaculaires. "J'oscillerai toujours entre la pureté des structures et l'ivresse des ornements, explique le créateur sur son site internet. Car la couture, c'est les deux en même temps. Je sais que j'aurai toujours horreur du vide et que je le remplirai de fleurs, de peinture, ou d'autres choses." Dans toutes les créations de Christian Lacroix, on retrouve le petit garçon qui a grandi à Arles, bercé par la tauromachie et les festivals de théâtre ou d'opéra, les traditions provençales et celles des gitans. Mais ses vêtements se teintent aussi du Londres des années 1960-1970, dont il garde un souvenir ému. "Je sais que je serai toujours le Méditerranéen des paseos, des Lices et des processions m. parure et allure, gitanes du Gange et bohémiennes de Kensington, résume-t-il. Je sais que j'aimerai toujours le snobisme, le vrai, quand il signifie l'assertion d'une différence, qu'il s'agisse d'élégance ou de l'humble paillette des forains." Nouvelles lignes, nouveaux horizons Christian Lacroix.e sa collection "Bazar" en 1994, complémentaire des autres lignes mais zappant plus que jamais avec les folklores et les époques. "C'est une collection qui ose tous les jeux de proportions, de longueurs, d'univers visuels, de matières La maille y est importante, très ouvragée ; les motifs décoratifs multi-culturels s'accordent entre eux, les formes sont celles du quotidien des villes." Tout aussi urbaine, la ligne "Jeans" voit le jour en 1996, faisant de Lacroix le premier créateur à s'intéresser vraiment à cette matière. "Nouvel uniforme universel, le jean permet quand même de laisser filer l'imaginaire et je m'amuse beaucoup à le détourner en le brodant, le teignant, appliquant de la dentelle... tout en lui laissant son subtil esprit naturel et chic." Un goût immodéré pour les robes de mariée
Clou du défilé, la robe de mariée est chère à Christian Lacroix : "Depuis ma première collection, je crée toujours des mariées qui oscillent entre image pieuse, Macarena de Séville et princesses des Mille et Une Nuits ! J'ai même repris des traditions du XIXème siècle qui voulaient des mariées de rouge ou de noir vêtues." "La robe de mariée dans tous les cas doit être exceptionnelle pour un jour exceptionnel. J'aime qu'elle ait plusieurs vies, classiquement grandiose pour la cérémonie religieuse, libérée de la traîne ou de la jupe pour danser. De l'Arlésienne à la bergère de conte de fée, faille, piqué, taffetas, tulle, broderies, dentelles, le répertoire est inépuisable et je ne compte pas l'épuiser," poursuit le créateur sur son site. Des projets en pagaille Couturier, Christian Lacroix est surtout un créateur au sens large et sait imposer son univers à toute sorte d'objets. En dehors de ses activités de mode, il a réalisé de très nombreux costumes pour le théâtre et l'opéra. On en retiendra notamment les deux Molière du meilleur créateur de costume obtenus en 1996 et en 2006 pour "Phèdre" et "Cyrano de Bergerac" à la Comédie Française. Relooking des uniformes des hôtesses d'Air France en 2003, des TGV en 2004 et même du dictionnaire Larousse en 2005 : Christian Lacroix est intarissable. Et en cette année d'anniversaire, il compte bien poursuivre sa boulimie créatrice... Outre ses quatre collections haute couture et prêt-à-porter, Christian a redessiné l'intérieur du TGV Est, est au centre d'une rétrospective au Centre national du costume de scène à Moulins en juin, ouvrira un deuxième hôtel parisien à son image en juillet et donnera son nom à une ligne de déco pour La Redoute l'hiver prochain... Mais le créateur sera surtout fêté lors d'une grande exposition en son honneur au musée des Arts Décoratifs, à Paris, en novembre 2007. Là, Christian Lacroix pourra réaliser son rêve d'enfant : revisiter à sa manière les réserves du grand musée de la Mode.
Voir aussi : Les créations En savoir plus : Le site de la maison Christian Lacroix Et aussi : Le site du Centre national du costume de scène
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