Dossier 22/10/2007 Bruno Frisoni : maître de la chaussure couture
Le soulier comme talon d'Achille Né en 1960 de parents italiens, Bruno Frisoni est un enfant de la mode. Il a à peine 20 ans quand il intègre l'équipe de Jean-Louis Scherrer en tant qu'assistant du studio accessoires. A ses débuts, le jeune prodige rêve de prêt-à-porter mais finit par se laisser tenter par l'accessoire : "Je me suis pris de passion pour le soulier, explique Bruno Frisoni. Un sac, on le prend, on le pose, une chaussure, c'est différent : on l'enfile ". Sa passion pour le soulier, le créateur la nourrit chez les plus grands. Lanvin, Christian Lacroix, Emmanuel Ungaro, Karl Lagerfeld ou encore Yves Saint Laurent : les collaborations avec les grandes maisons se suivent avec pour seul leitmotiv l'accessoire. Si le talent de Bruno Frisoni est reconnu de tous, le designer cesse toutes collaborations en 2001, pour se consacrer à sa propre griffe lancée deux ans plus tôt. Prodige de la haute fantaisie
Dès lors, le patte Frisoni s'impose : "Je ne cherche pas l'épuré, je ne suis pas dans le design, rappelle le créateur. Chez moi, la structure n'est pas déterminante, ce qui compte c'est l'intention". Amoureux des belles histoires et de la couture, le créateur pense des souliers entre accessoires et prêt-à-porter à l'instar de ses escarpins mythiques en jean et à la boutonnière dégrafée. Ses collections sont des récits oniriques, baptisées tour à tour "Poses Bohèmes" ou "Vénus Beauté". Les rubans foisonnent, les inspirations rétro donnent naissance à une nouvelle modernité : Bruno Frisoni est un grand romantique au goût prononcé pour la fantaisie. Cette approche si personnelle de la chaussure ne tarde pas à le faire remarquer. En 2003, Diego Della Valle, le propriétaire de Tod's, confie à Bruno Frisoni une mission de taille : donner un nouveau souffle à Roger Vivier. A peine arrivé aux commandes de Roger Vivier, Frisoni redonne à la maison, devenue un peu désuète, son aura. Devenu directeur artistique de la griffe, il marie le savoir-faire traditionnel de la maison à son audace personnelle en réinterprétant les grands classiques de la marque, en développant les modèles très haut de gamme, dits "precious". Mais ce n'est pas là son coup de génie. Bruno Frisoni pense aussi à la "vitrine" et donne naissance aux souliers haute couture, vendus à plusieurs dizaines de milliers d'euros la paire. En 4 ans, Frisoni redonne ses lettres de noblesse à Roger Vivier. La fin de la confidentialité
Créateur providentiel chez Roger Vivier, Bruno Frisoni n'en oublie pas pour autant sa propre griffe. Signe que les temps sont bons, le chausseur ouvre sa première boutique en nom propre au 34, rue de Grenelle, en 2004. Les clientes prestigieuses n'hésitent plus à se laisser tenter. Kate Moss, Charlotte Gainsbourg, Kate Blanchett, Jennifer Lopez : le tout Hollywood se presse chez Frisoni. Forte de ces premiers succès, la maison Frisoni voit grand, se développe pour mieux régner et surtout pour répondre aux attentes toujours plus exigeantes de ses fidèles. "Nous ne sommes pas encore en mesure de faire du sur-mesure même si on nous le demande souvent, notamment pour les bottes, explique Michael Von de Wielle, le directeur de la boutique. Pour répondre à cette demande, il faudrait développer tout un nouveau patronage et ce ne sera possible que quand nous aurons nos usines en propre, ce qui sera bientôt envisageable". Pour l'heure, la maison se concentre sur le développement de sa distribution. Sa priorité : l'étranger. Résultat : Frisoni est la nouvelle coqueluche des concept stores de luxe londoniens et tokyoïtes. A 47 ans seulement, Bruno Frisoni n'a pas fini de faire parler de lui.
En savoir plus le site Bruno Frisoni : www.brunofrisoni.com
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