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14/03/2008

Sophie George : "La mode doit être à notre service et nous rendre belles"

Sophie George, ancienne styliste et fondatrice de la maison d'édition Falbalas spécialisée dans la mode, a répondu à toutes les questions que vous vous posiez sur le milieu de la mode et de la couture lors d'un chat.
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A qui s'adresse votre maison d'édition spécialisée dans la mode ?

Les éditions Falbalas s'adressent à tous ceux qui s'intéressent à la mode, mais bien évidemment en priorité à ceux et celles qui travaillent ou étudient dans ce domaine.

 
© Journal des Femmes / Cécile Genest
 
"Le milieu de la mode n'est pas plus féroce qu'un autre"

Dans "Le Diable s'habille en Prada", le milieu de la mode parait vraiment féroce. Qu'en est-il vraiment ?

Eh bien mon meilleur conseil est de lire mon roman "Griffé" pour découvrir ce qu'il en est réellement ! Je pense que le milieu de la mode n'est pas plus féroce qu'un autre. Ceci étant, il l'est peut-être davantage en ce qui concerne l'apparence.

Faut-il toujours être bien habillée quand on travaille dans une maison de couture?

Tout dépend de votre fonction et des personnes que vous êtes amenée à croiser quotidiennement. Ceci étant, j'ai vu beaucoup de gens très mal habillés chez Yves Saint Laurent et cela ne les a pas empêchés de réussir...

Comment arrive-t-on dans une maison de haute couture ?

En tant que styliste, il me semble important de préciser que la haute couture représente un nombre extrêmement limité d'opportunités ! Après tout, il n'y a pas plus d'une dizaine de maisons en France et les studios ne comptent guère plus d'une demi-douzaine de stylistes... C'est donc difficile ! C'est vraiment une question de volonté... et de relations !

Quel conseil d'orientation pourriez-vous suggérer à ma fille qui est en classe de Première et qui souhaite exercer un métier lié à la mode et au luxe ?

Tout dépend de ses centres d'intérêt et de ses talents car il existe de nombreux métiers dans le domaine de la mode : acheteur, chef de produit, rédactrice de mode, modéliste, styliste et tant d'autres...

J'ai vu que vous aviez fondé et dirigé l'École Yves Saint Laurent. Qu'est-ce que c'est ?

 
© Journal des Femmes / Cécile Genest
 
"Le débat sur la maigreur des mannequins a bien lieu d'être"

L'École Yves Saint Laurent était destinée au personnel de la maison, en particulier aux vendeurs. Elle avait pour principal objectif de leur fournir des repères sur les spécificités et les valeurs ajoutées des produits Saint Laurent et de la marque en général.

Outre le créateur lui-même, quelles sont les personnes les plus influentes dans une maison de couture et pourquoi ?

En matière de création, seul le créateur est influent. Pour le reste (c'est-à-dire les finances, l'organisation, bref, beaucoup de choses) c'est le directeur général ou le président qui a le dernier mot.

Que pensez-vous du débat autour de la maigreur des mannequins ?

Je pense que c'est un débat qui a tout à fait lieu d'être et que les mannequins sont trop maigres. Mais de nombreux créateurs les préfèrent ainsi car une fille maigre porte mieux les vêtements qu'une fille enrobée... Je suis contre !

Comment passe-t-on du monde de la mode au monde de l'édition ?

Je reste dans la mode puisque mes éditions sont orientées sur ce domaine... En fait, dans la mode, il y a de nombreux métiers dont celui que j'exerçais dernièrement en dirigeant cette école où je devais concevoir et rédiger des programmes et des supports sur les produits. Le lien est là !

Quels sont vos ouvrages à paraître prochainement aux éditions Falbalas ?

 
© Journal des Femmes / Cécile Genest
 
"Les petites marques qui s'inspirent des podiums offrent un accès à la mode à tous les budgets"

D'ici peu, un ouvrage intitulé "Essentiels" va sortir. Il s'agit d'un recueil de planches de dessins anatomiques des grands classiques de la mode (accessoires, vêtements, silhouettes). Sinon, la suite du "Vêtement de A à Z" est en cours d'écriture. Il s'agit des "Accessoires de A à Z". Et à la rentrée, des surprises !

Prévoyez-vous de publier des livres illustrés de photos sur les grandes maisons de couture ?

D'autres grandes maisons d'éditions s'en sont déjà chargées et continueront vraisemblablement à très bien le faire... Mon propos est plus didactique.

De quoi parle précisément votre roman "Griffé" ?

"Griffé" raconte les aventures d'une jeune styliste qui rêve de mode et finit par atterrir (malgré elle) dans une maison de haute couture. Elle va assez rapidement découvrir qu'il ne s'agit pas que d'un monde pailletté... Ce roman est un clin d'œil plein d'humour et acidulé (pas acide !) sur cet univers. Certes il y a des strass et des paillettes dans la haute couture et les maisons de luxe mais peu de collaborateurs y ont réellement accès.

Que pensez-vous des marques comme Zara qui s'inspirent des défilés pour créer leur ligne ?

Vous voulez vraiment que je vous le dise ? Eh bien, je suis bien contente qu'elles existent car elles permettent à des gens qui n'ont pas de budget important pour s'habiller d'avoir accès à la mode. Bon, les maisons de mode sont un peu flouées, c'est vrai, mais cela leur donne une sorte de baromètre de leur popularité ou de leur succès.

Avez-vous une anecdote croustillante à nous raconter sur la maison Saint Laurent ?

 
© Journal des Femmes / Cécile Genest
 
"La mode réinterprète sans cesse les grands mouvements qui l'ont marquée"

Eh bien, par exempl, que les membres de la direction faisaient capitonner leur porte afin que personne ne puisse entendre ce qu'ils faisaient dans leur bureau... Ou encore que de nombreuses filles avaient une paire d'escarpins dans leur tiroir de bureau, qu'elles sortaient à l'arrivée de Tom Ford.

On entend encore parler de la tendance 1970, pensez-vous que la mode ne fait que reprendre d'anciennes tendances ?

Oui la mode du XXème siècle s'inspire de manière récurrente des grands mouvements qui l'ont marquée mais toujours en les interprétant de manière différente donc nouvelle.

Pourquoi avez-vous décidé de sortir un dictionnaire sur la mode ? Est-ce parce que vous estimez que la plupart des gens n'utilisent pas les bons termes pour désigner des pièces ?

En partie pour cette raison, oui, mais pas uniquement pour cela. En fait, cette encyclopédie est un condensé de toutes sortes d'informations sur le vêtement.

Avez-vous travaillé dans d'autres maisons qu'Yves Saint Laurent ? Quel est votre parcours ?

Avant Yves Saint Laurent où je suis restée 15 ans, j'ai fait des stages chez Nina Ricci et Torrente. Ma toute première formation est celle de styliste que j'ai suivie à l'Ecole de la Chambre Syndicale de la Couture Parisienne (une école parmi tant d'autres) puis j'ai intégré la première promotion de l'Institut Français de la Mode en souhaitant devenir un jour styliste-chef de produit (une utopie pour l'époque !).

N`avez-vous jamais eu envie de créer votre propre marque de vêtements ?

 
© Journal des Femmes / Cécile Genest
 
"Pour s'habiller chic : les boutiques de créateurs"

Après 7 ans passés à la création chez Saint Laurent (lignes de diffusion femme et enfant), j'ai réalisé que ce n'était pas dans ce métier que je pourrais m'épanouir, mais plutôt dans le management de la mode. Donc l'idée de créer une maison ne m'a pas effleurée !

N'avez-vous pas peur de tourner en rond avec une maison d'éditions aussi spécialisée ?

Tout d'abord, j'ai tant de titres en prévision que je suis obligée de repousser les manuscrits qui me parviennent en pagaille (pour l'instant). D'autre part, je dois encore attendre un an avant de pouvoir apprécier avec justesse l'impact et le bien-fondé d'une telle maison d'édition.

Certains modèles de haute couture ne sont pas toujours portables (transparence, seins presque nus...). Que préconisez-vous pour nous habiller chic en toutes circonstances, sans nous ruiner et sans trop d`extravagance !

La haute couture est une vitrine et les images des défilés qui nous parviennent n'ont jamais pour objectif de nous montrer des tenues que nous pourrions porter ! Pour s'habiller chic en toutes circonstances sans se ruiner et sans trop d'extravagances, mon conseil est de vous rendre dans les boutiques des créateurs du type Isabel Marant, Cacharel, Vanessa Bruno... Et pour les plus petits budgets, Zara toute !

Une biographie va paraître sur Kate Moss, allez-vous en publier vous aussi sur des tops ou des couturiers ?

Sur les tops, a priori, non. Sur les couturiers, pourquoi pas à moyen terme...

La mode est un univers qui fascine et qui effraie en même temps. Comment l'expliquez-vous ?

Ce milieu semble effectivement effrayant lorsque l'on franchit le pas des boutiques de luxe : regards condescendants des vendeurs, peur d'être jugé par eux... Mais il faut faire abstraction de tout cela ! La mode doit être à notre service à nous, hommes et femmes, nous rendre belles (beaux) et séduisant(e)s et nous ne devons penser qu'à cet aspect des choses.

En savoir plus Le site des Editions Falbalas : www.editions-falbalas.com


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