Cristina Kirchner fait tanguer les coeurs argentins Publié le 24/10/2011, 18h33 par Justine Boivin

Cristina Elisabet Fernández de Kirchner, CFK pour les intimes, a été plébiscitée en Argentine, portée par les succès de sa politique économique, son caractère bien trempé et la compassion engendrée par le décès de son mari. Retour sur un triomphe au féminin.

 

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© Cezaro de Luca/EFE/MAXPPP Cristina Kirchner, devant des dizaines de milliers de partisans, le 23/10/2011

La Présidente a été réélue dimanche, dès le premier tour, lors d'un véritable raz-de-marée (54 % des voix). Elle s'est déclarée "impressionnée" par son résultat et "reconnaissante".

Son principal adversaire, Hermes Binner, 68 ans, médecin et gouverneur socialiste de la province de Santa Fe, n'a recueilli que 17% des suffrages.

Pas de deux

Avocate de métier, ancienne sénatrice et oratrice ultradouée, Cristina Kirchner a succédé en 2007 à son époux. Selon un schéma préétabli, Monsieur aurait dû à son tour se représenter en 2011. Mais une crise cardiaque, le 27 octobre 2010, a changé la donne. "Si l'un de nous avait dit il y a deux ans qu'une telle chose serait possible, on nous aurait traités de fous", a lancé la veuve à la foule réunie sur la Plaza de Mayo devant la Casa Rosada, siège du pouvoir exécutif. "Vous pouvez compter sur moi pour améliorer la vie de nos 40 millions de concitoyens et continuer à changer l'histoire", a-t-elle ajouté, les larmes aux yeux, tandis que ses partisans scandaient son nom, ainsi que celui de son défunt mari."Cet homme qui a transformé l'Argentine nous a dirigés et nous a donnés tout ce qu'il avait et plus encore. Sans lui, sans ses valeurs et son courage, il aurait été impossible d'en arriver là", a-t-elle ajouté, avant de danser pendant un long moment aux côtés de son colistier.

Wonder Woman

Cristina Kirchner a fait campagne sur son bilan social (redistribution pour les retraités et prestations familiales) et le recul de la pauvreté. En période de marasme international, l'Argentine bénéficie en outre de l'envolée des prix des matières premières, notamment du soja, dont elle est le troisième exportateur mondial. La consommation est en plein boom et atteindra 8% cette année, le chômage est à son plus bas niveau depuis vingt ans et la confiance des ménages atteint son apogée.

Des funérailles nationales

La popularité de la "Reina Cristina" a rebondi après la mort prématurée de Néstor Kirchner, une disparition qui a permis, en outre, de donner d'elle une image moins bling-bling et plus consensuelle. Surnommé "le pingouin" du fait de ses origines patagoniennes et de son profil pointu, l'homme cultivait la réputation d'un leader sérieux, taciturne voir sombre. A l'opposé, sa dulcinée, souvent comparée à Eva Peron, elle-même péroniste et haute en couleur, suscitait les passions. Perchée sur des talons aiguilles, les ongles vernis, la crinière auburn lâchée sur les épaules, Cristina, fille de La Plata, ville universitaire et "méridionale" de la province de Buenos Aires, affichait un penchant pour le luxe "à la française", avec une prédilection pour les marques Hermès et Louis Vuitton.

La gorge serrée, le look contrôlé

Depuis un an, la belle, jadis critiquée pour ses tenues vestimentaires outrancières, porte le deuil et ne s'habille plus qu'en noir. A l'aise devant tous les auditoires, la maman poule de Maximo, 34 ans, et Florencia, 21 ans, impressionne par sa stature, son courage, et son autorité. Mais elle sait aussi toucher la corde sensible en laissant sa voix se briser et le rimmel couler lorsqu'elle évoque "son amour", "son regretté", "sa moitié". Car, seule concession à cette nouvelle austérité : notre séductrice dans l'âme n'a su renoncer au fond de teint, au rouge à lèvre et au mascara. "Je suis née maquillée", répond-elle lorsqu'on l'interroge sur cette coquetterie. Un coup de blush ?

Poudre libre

Personnalité complexe ( éplorée et sûre d'elle, glamour et cérébrale, à fleur de peau et blessante ), Cristina avance pomponnée, mais pas masquée. A 58 ans, la cheffe d'Etat a réussi un spectaculaire renversement de tendance après avoir vu sa cote de popularité dégringoler au début de son premier mandat. Elle sort renforcée de ce scrutin et va poursuivre sa politique interventionniste qui rassure un pays encore traumatisé par le libéralisme forcené et la "banqueroute" des années 2001-2002. Regard de braise, sourire hollywoodien, mais oripeaux de Mater Dolorosa, Cristina a trouvé la parure idéale en période de crise mondiale.


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Justine Boivin, Journal des Femmes
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