Figure de proue de l'opposition, l'ancienne chef du gouvernement ukrainien vient d'être condamnée à sept ans de réclusion pour abus de pouvoir. Retour sur le parcours de cette quinquagénaire ultra-féminine qui a modelé son apparence au gré des étapes de sa vie.
Reconnue coupable d'avoir violé les procédures juridiques lors de la signature d'un contrat d'importation de gaz naturel signé en 2009 avec la Russie, l'ex-premier ministre ukrainienne écope de sept ans de prison, trois ans d'inéligibilité et 150 millions d'euros de dommages et intérêts. L'Union européenne se déclare "profondément déçue".
Au tribunal, Ioulia Timochenko a coupé la parole du juge qui lisait le verdict. Tournée vers les caméras de télévision, elle a dénoncé le "régime autoritaire" du président Viktor Ianoukovitch, qu'elle a comparé à Staline et ses purges. "C'est un retour en 1937", a-t-elle lancé. Décrivant son procès comme un "lynchage public" tramé par son rival, la Marianne ukrainienne a souligner des manœuvres destinées à l'empêcher de se présenter aux prochaines élections.
"Patriote, charismatique et courageuse" selon ses partisans, "opportuniste" et "dangereuse" selon ses détracteurs, Ioulia Timochenko a connu une épopée fascinante, parfois trouble, aussi. Un chemin rythmé par des looks "typiques".
Née le 27 novembre 1960 dans le port de Dniepropetrovsk, un bassin industriel, elle est bercée par le communisme, la langue russe et la douceur des femmes juives qui la couvent (sa mère est ingénieur dans une usine automobile, sa mamie vit à la maison et travaille dans une fabrique de bonbons). Son père, d'origine arménienne, abandonne le foyer avant ses 2 ans. Ioulia n'apprend l'ukrainien qu'en 2000...
A la fac d'économie de sa ville, ce joli brin de fille s'amourache de Sacha, étudiant en cybernétique, comme elle,... et fils du dirigeant politique de la région. A 18 ans, des rêves plein la tête, cette beauté froide convole et fait, dans la foulée, un enfant: Eugenia.
Après l'indépendance du pays en 1991, Ioulia profite de l'ouverture du système, crée une chaîne de location de cassettes vidéo et monte des ateliers de confection.
Aidée de son mari et de sa belle-famille, elle introduit le cercle des dirigeants locaux. Promue chef d'une importante compagnie énergétique, Ioulia fait fortune en achetant des combustibles qu'elle revend aux usines ukrainiennes.
Surnommée "la princesse du gaz", cette richissime businesswoman s'affiche brune à frange, en robes moulantes et talons vertigineux. En 1996, son poste lui vaut des poursuites pour vol et versement présumé de pots-de-vin à des responsables du ministère russe de la Défense. Mais la belle sauvageonne passe entre les mailles du filet.
Très populaire, Ioulia est élue par l'oblast de Kirovohrad et devient, en 1997, la première députée présidente du parti Hromada. Elle troque alors sa crinière sombre contre un carré sage et une teinture châtain.
Opposante farouche du régime corrompu de Leonid Koutchma, Ioulia passe quarante-deux jours dans une geôle. Fière, cette combattante en ressort le menton levé et arbore, désormais, des tailleurs longueur genoux. Blondeur hitchcockienne, sourire glacial, elle remuera désormais ciel et terre pour régner.
Egérie de la Révolution Orange en 2004, elle apparaît à la tribune de la place de l'Indépendance en belle de champs. La natte typique des paysannes d'antan l'auréole d'une fraîcheur bucolique. Cette grâce a la coiffure surannée vient d'épouser un exploitant agricole. Elle ne se séparera plus... de sa tresse. Lors des scrutins, elle n'hésite pas à se mettre en scène en infirmière ou en Jeanne d'Arc, avant d'être placardée, alanguie aux côtés d'un tigre de Sibérie.
Considérée comme pro-européenne, cette féline joue aussi de ses charmes avec Moscou, goûtant les plaisanteries de son homologue Vladimir Poutine. Au cours des six premiers mois de 2009, la fondatrice du parti du BiouT (prononcer Beauty) change plus de deux cents fois de tenues, toujours griffées.
Fashionista, Miss Timochenko dévore Vogue, a sa propre styliste et ne cache pas ses préférences: vestes cintrées, manches courtes ballon, cols danseuses et motif liberty, pour la touche romantique. Pour galber et élancer sa silhouette frêle, cette stakhanoviste de l'exercice physique court 10 km par jour, au rythme des refrains d'Eurythmics et de Patricia Kaas...
Séductrice format poche, Ioulia Timochenko ne se mesurait à ses pairs que perchée sur des Stilettos et vêtue en Louis Vuitton. Muselée et acculée par le pouvoir en place, sa carrière compromise, elle se refuse à enfiler les habits de prisonnière. Elle continue de croiser le fer. Ce sont les oripeaux de "martyre politique" qu'elle a déjà revêtus.
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