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Gérard Poussin, psychothérapeute
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Gérard Poussin, psychologue, psychothérapeute,
professeur à l'Université de Grenoble et auteur
de l'ouvrage "Les enfants du divorce", vous donne
son avis et ses conseils sur l'impact de la garde alternée
pour un enfant.
En quoi la garde alternée pourrait-elle perturber
les enfants ?
Tout dépend de leur âge ! Les plus petits
(jusqu'à 3 ou 4 ans) risquent d'avoir sans arrêt
l'impression qu'un de leur parent a disparu. Ils ne possèdent
pas la capacité de maintenir l'image d'une personne
absente sur un temps trop long (plus de 3 jours). A noter
: cette question du temps d'absence se pose aussi quand
un des parents a la garde principale. Les plus grands pourraient
rencontrer des difficultés d'ordre relationnel avec
leurs parents : ils passent sans arrêt d'un camp à
l'autre quand les conflits du couple restent vifs. Mais
ils pourraient aussi être perturbés par cette
vie menée sur deux planètes différentes
(Mars et Vénus !) et donc parfois diamétralement
opposées. Les horaires, l'alimentation, les habitudes,
les principes d'éducation, les ressources financières
varient alors pour eux d'une semaine sur l'autre.
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A LIRE |
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Et d'un point de vue matériel, comment le vivent
les enfants ?
Vivre dans deux maisons, avoir deux chambres, deux salle
de bains, deux bureaux, deux armoires, ne constitue pas
en en soi un problème ou un manque de repère
pour les enfants. Évidemment, il faut que les parents
répondent à leurs demandes en cas d'oubli
d'une affaire chez l'un ou chez l'autre par exemple. Et
qu'ils résident dans la même ville, voire le
même quartier pour que l'enfant n'ait pas l'impression
de déménager sans arrêt, qu'il garde
le même environnement proche tout le temps (école,
jardin, clubs de sports...) et ne passe pas sa vie dans
les transports. Mais ce qui compte vraiment pour les bambins,
c'est la cohérence qui se dégage de l'éducation
qu'ils reçoivent d'une part et d'une autre.
Voir son père autant que sa mère ne constitue-t-il
pas tout de même un avantage de taille ?
C'est indéniable ! La relation au père, très
souvent fragilisée par un divorce, a toutes les chances
de se maintenir grâce à la garde alternée.
Si tant est que chaque parent puisse véritablement
assumer son rôle pleinement : disposer de suffisamment
de temps et d'envie pour s'occuper de son enfant 50 % du
temps. Pas question donc d'opter pour la garde alternée
dans une optique conflictuelle où chacun aurait "droit
à sa moitié d'enfant" sans consacrer
toute son énergie à mettre en place une organisation
où l'intérêt de l'enfant prime. Pour
cela, les parents doivent habiter à côté,
communiquer beaucoup, savoir dépasser leurs conflits
et être prêts à faire des compromis au
jour le jour. Alors, quand ces conditions sont réunies,
la garde alternée constitue la meilleure solution
pour toute la famille.