La
belle histoire de Repetto aurait pu s'arrêter là mais cela aurait été sans compter
sur la ténacité de Jean-Marc Gaucher. En 2003, l'entrepreneur propose un plan
de continuation au Tribunal de Commerce de Paris. Aussi risqué soit-il, le pari
porte ses fruits rapidement : Repetto renoue avec les profits dans l'année et
peut même se prévaloir, en 2004, d'un chiffre d'affaires de 10 millions d'euros,
soit une progression de 20 % par rapport à l'année précédente. La clé de
ce succès : un retour aux sources.
Innover et se retrouver
Jean-Marc
Gaucher l'a bien compris : il n'y a pas de Repetto sans l'esprit et les valeurs
qui lui ont été insufflés pas Rose. Mais le coup de génie de l'entrepreneur va
bien au-delà d'un simple renouveau identitaire. C'est grâce à une savante combinaison
de modernité et de tradition que Repetto revient sur l'avant de la scène. Les
outils de ce succès : le développement de l'offre et la communication.
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| La
boutique de la rue de la Paix à Paris, écrin mythique de la maison.
Photo © L'Internaute Magazine / Agathe Azzis | |
Côté offre, Repetto se recentre sur son cur de métier et crée de
nouveaux produits de danse, toujours plus innovants. Travail des matières techniques
- Meryl, Satin Lycra, etc -, élaboration de nouvelles chaussures de
jazz : Repetto sait attiser la convoitise des danseuses. Mais loin de se restreindre
à sa clientèle traditionnelle, la maison de Rose renoue aussi avec le grand public.
Après le succès populaire de la ballerine "BB", Repetto élargit sa gamme mode.
2005 marque ainsi l'apparition de la nouvelle ballerine à bout carré, inspirée
de la "boîte" des pointes de danseuse, de la ligne "Tango", hommage aux
souliers de danse de salon, mais également de la maroquinerie Repetto. Un an plus
tard, la première ligne de prêt-à-porter pour enfants est lancée, s'adressant
directement aux 750 000 fillettes qui ont pour habitude de se fournir chez le
spécialiste de la danse.
Jouer la carte de l'exclusivité
Si
la réputation de Repetto est acquise, il en faut plus pour l'ériger en temple
de mode. Et c'est bien là le coup de génie de Jean-Marc Gaucher. Dès le début
des années 2000, l'entrepreneur comprend qu'il faut jouer la carte de l'exclusivité
pour s'attirer les bonnes grâces des acheteuses. Sa stratégie : créer le buzz
en multipliant les séries limitées et les partenariats avec les créateurs. E2,
Yohji Yamamoto, Comme des Garçons, Catherine Malandrino : les couturiers les plus
pointus réinterprètent les modèles classiques de la maison tandis que la "BB",
la "Zizi" en python, puis la ballerine léopard, produites en séries très confidentielles,
font un malheur. En l'espace de deux ans, Repetto devient une maison de connaisseurs
et ces produits font désormais office de "it"- accessoires, que s'arrachent chaque
saison people et shoppeuses VIP. Fort de ces succès, Jean-Marc Gaucher est élu
Manager de l'année en novembre 2006. Une consécration pour cette petite maison
qui revient de loin mais qui, on le sait aujourd'hui, est là pour durer !